Quelle est l’importance du jeu ? Peut-être avez-vous sous les yeux des enfants en train de jouer, de tracer un cercle au sol, dans la cour. Ou alors des joueurs de cartes autour d’une table. Cette activité n’est toutefois qu’un loisir... qui sert à passer le temps le plus agréablement possible. Ou peut-être cache-t-elle autre chose ? Bien entendu, nous ne poserions pas la question si ce n’était pas le cas. Qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, le jeu signifie bien plus qu’on ne pense.
En quoi consiste le jeu au juste ?
Le jeu se caractérise par le fait qu’il ne cache aucune intention, il ne doit rien produire de spécifique. En jouant, on expérimente, on apprend dans un espace délimité, on essaie différentes choses, sans se prendre trop au sérieux. Le philosophe Christoph Quarch définit ainsi les quatre critères du jeu :
1. Le jeu est toujours quelque chose de commun, de collectif. Ce lien aux autres est très important pour les êtres humains. Même quand un enfant joue seul, il a un interlocuteur : dans ce cas, il s’agit d’une poupée ou d’un bloc de construction.
2. Seul quelqu’un qui joue est vraiment libre, car le jeu offre toujours une issue : qu’il s’agisse de sa forme initiale – la représentation cultuelle –, d’un jeu de rôles entre enfants ou d’une compétition. Même dans le cadre d’un processus créatif, acte ludique d’expérimentation, l’artiste ne sait pas à l’avance sur quoi débouchera sa création. Il se laisse simplement porter par le jeu.
Et c’est là qu’intervient le 3e critère du jeu : l’expérimentation de nouvelles possibilités, que l’on peut qualifier de créativité. Seuls ceux qui peuvent lâcher prise et tâtonner sont en mesure de produire quelque chose de créatif.
4. Chaque jeu révèle quelque chose. Dans les représentations cultuelles, les participants acquièrent des connaissances supplémentaires. Le jeu des petits chevaux montre comment mes camarades de jeu réagissent lorsqu’ils sont confrontés à quelque chose d’agaçant ou comment, moi-même, je supporte ce genre de frustration.
Nous pensons souvent que seuls les enfants jouent ou ont le droit de jouer. Oui, c’est vrai : jusqu’à six ans, les enfants devraient jouer au moins huit heures par jour, mais nous avons, nous aussi, besoin de jouer et nous avons intérêt à satisfaire ce besoin le plus souvent possible.
Le jeu des enfants
Mais commençons par les enfants : en matière de jeu, ce sont de véritables experts dont nous pouvons beaucoup nous inspirer. Ils jouent spontanément, et non parce qu’on leur a demandé de le faire. Au contraire : si l’on demande à un enfant de grimper à un arbre, ce n’est plus un jeu.
En fonction de leur âge, les enfants jouent différemment. André Frank Zimpel, professeur de l’université de Hambourg spécialisé dans l’apprentissage et le développement, distingue six phases de jeu qui s’appuient les unes sur les autres.
Jeu objet et jeu sujet
Dans le jeu objet, le bébé se familiarise avec son environnement, il attrape tout ce qui lui tombe sous la main et le porte à sa bouche. La deuxième phase, le jeu sujet, est aussi appelée jeu de simulation. Les objets de l’environnement immédiat du jeune enfant prennent une tout autre forme dans son imagination : la thermos se transforme en tour imprenable, le seau d’eau en lac, etc. Durant cette phase, il arrive fréquemment que des enfants se trouvant dans la même pièce ne jouent pas ensemble mais côte à côte. Cette attitude est normale et ne doit pas nous inquiéter.
Jeux de mains
Jouer simplement avec ses mains rend heureux : les frotter l’une contre l’autre suffit à stimuler la production de sérotonine, ce qui améliore l’humeur. Raison pour laquelle les jeux de tape-mains sont une si bonne chose pour les enfants.
Jeux de rôle
La phase des jeux de rôle est une autre étape importante dans laquelle l’enfant entre à un âge plus avancé, vers quatre ans. Les enfants se font alors une idée d’eux-mêmes : avant cette phase, leur personne était un angle mort et ils ne pouvaient pas imaginer la manière dont ils étaient perçus par les autres. Le jeu de rôle constitue une interaction complexe : les participants se mettent d’accord sur un thème, endossent un rôle particulier et doivent adapter leur comportement en fonction de ce rôle. Un scénario voit le jour. Les jeux de rôle offrent la possibilité de tester différentes stratégies dans la vie sociale : est-ce que je préfère jouer le rôle du méchant ou celui du gentil ? Comment va réagir ma camarade de jeu si je me comporte comme ceci et pas autrement ? Ce type de jeu permet aussi aux enfants d’assimiler des expériences de leur vie quotidienne.
Les singes sont-ils capables d’imiter ?
L’essence du jeu, c’est l’imitation : il n’y a rien qui plaise plus aux enfants que d’imiter quelqu’un ou quelque chose. Les humains sont les seuls mammifères qui le font bien. Les singes, par exemple, ne sont pas de bons imitateurs. De nombreux malentendus entre parents et enfants viennent de l’imitation : par exemple lorsque les enfants ne quittent plus leurs smartphones des yeux alors qu’ils ont souvent vu leurs parents le faire auparavant..
Jeux de société
Les jeux de société, qui représentent la forme de jeu la plus complexe, suscitent l’enthousiasme des enfants à partir de six-sept ans. Il s’agit de tous les jeux ayant des règles fixes, ce qui inclut également les jeux de stratégie comme le Monopoly. Le jeu de l’élastique en fait aussi partie, car il est aussi basé sur des règles. Aucun de ces deux jeux ne nécessite de jouer un rôle. Tout comme les mathématiques, la lecture et l’écriture sont aussi, en quelque sorte, des jeux de société. Le charme de ces jeux réside dans le fait que l’on prend plaisir à respecter les règles.
Concours
Le concours, qui ne se développe qu’à partir de 6-7 ans, consiste à évaluer ses compétences : la question est souvent de savoir ce que l’on sait particulièrement bien faire. On se mesure à ses camarades de classe ou de jeu.
Jeux sérieux
Le jeu sérieux sert à se préparer à la vie d’adulte. Les jeunes vérifient dans quelle mesure les adultes appliquent les règles, commettent parfois des délits pour les tester.
Toutes les formes de jeu permettent aux enfants de découvrir ce qui est possible, mais aussi ce qui fonctionne moins bien. En respectant les règles, ils se sentent libres d’expérimenter et ont la possibilité de développer leur potentiel. Ils peuvent acquérir des compétences, améliorer leurs connaissances et progresser de manière ludique.
Pourquoi le jeu est-il si important ?
Si les enfants développent leurs aptitudes physiques et mentales grâce au jeu, c’est aussi, à chaque fois, une rencontre qui leur permet d’améliorer leurs compétences sociales. Ils apprennent, d’une part, à s’entendre avec les autres, à gérer leurs échecs, et, d’autre part, à ne pas frimer quand ils ont gagné (et les autres perdu). Nous avons constaté que les enfants qui jouent souvent ensemble partagent plus volontiers que ceux qui le font rarement.
L’archive des valeurs sociales
Pour Theo Poppe, psychologue à l’université de Leipzig, les jeux constituent une archive des valeurs sociales. Le jeu des petits chevaux incite par exemple à être bon perdant. Mais André Frank Zimpel, directeur du centre de recherche sur la neurodiversité de Hamburg, ne considère pas cette approche comme nécessaire. De nombreuses études ont montré que les enfants ne doivent pas être éduqués à la morale : ce sont, dès la naissance, des êtres moraux, qui aiment aider et éprouvent de la sympathie pour les plus faibles.
Le jeu renforce la joie de vivre, car notre circuit de la récompense est activé à chaque obstacle surmonté. Le mécanisme est le suivant : un état d’incohérence apparaît dans le cerveau. Nous ne comprenons pas quelque chose, nous ne le connaissons pas ou nous ne sommes pas encore en mesure de faire quelque chose. Nous ne pouvons pas encore classer notre perception. Dès que nous nous y intéressons, nous commençons à comprendre et nous trouvons des solutions. L’irritation cède la place à un sentiment de bonheur – grâce à la sécrétion de neurotransmetteurs qui agissent comme des drogues. Un sentiment de joie ou d’enthousiasme nous envahit. Chez les enfants, ce phénomène se répète souvent, raison pour laquelle ils prennent autant de plaisir à apprendre beaucoup en peu de temps.
Il est scientifiquement prouvé que jouer ensemble nous permet de nous libérer de nos peurs, de soulager la pression. Nous nous sentons libres – ce qui diminue notre angoisse. Le Dr André Frank Zimpel est convaincu que les tueurs fous, par exemple, n’ont pas eu suffisamment l’occasion de jouer et de se défouler. La structure de leur pensée est très rigide, ce qui peut, en dernier ressort, entraîner ce genre d’actes.
Dans notre vie, la capacité à contrôler nos pulsions semble décisive. Vous connaissez certainement cette expérience qui consiste à donner des bonbons à un enfant et à lui proposer deux options : 1. les manger tout de suite, 2. attendre et en recevoir le double. Cette expérience permet de prédire dans quelle mesure ces enfants réussiront et trouveront le bonheur. Ceux qui ont pu attendre mènent une vie plus épanouie à l’âge adulte. Quand les enfants contrôlent leur désir de prendre le bonbon, ils apprennent que les efforts en valent la peine.
En général, les jeux d’enfants sont là pour contrôler les pulsions : les enfants imaginent, par exemple, qu’un méchant sorcier a empoisonné les bonbons et qu’ils ne doivent donc pas y toucher. Dans les jeux de rôle, ils apprennent à adopter des mimiques et une gestuelle qui masquent ce qu’ils ressentent, ce qui peut, comme nous le savons, présenter bien des avantages à l’âge adulte.
Adieu, réflexe de préhension
Si vous vous demandiez pourquoi votre bout de chou balance tout ce qu’il peut de sa poussette : ce n’est pas pour vous énerver, mais pour apprendre à contrôler ses pulsions. Il a surmonté le réflexe de préhension et est heureux de constater qu’il peut aussi lâcher les objets.
Contrairement aux araignées, qui savent dès leur naissance tisser une toile, les nourrissons et les jeunes enfants doivent d’abord apprendre à se repérer dans ce monde nouveau. Leur cerveau est envahi de connexions neuronales – ils en ont bien plus que les adultes. Tous ces contacts représentent des possibilités et des potentiels. C’est pourquoi il est important que les enfants puissent expérimenter en jouant. Ils se développent ainsi tout seuls, sans intention et inconsciemment. De cette manière, les connexions se consolident dans leur cerveau. Tout ce qui ne sert pas sera éliminé ultérieurement. André Frank Zimpel résume ce phénomène par une belle image : nous venons au monde cosmopolite et devenons des provinciaux. C’est la raison pour laquelle il faut offrir aux enfants le plus de possibilités possible de découvrir et de créer – de jouer, en somme.
Et l’éducation précoce ?
Les cerveaux de tous les enfants contiennent ces connexions et ils peuvent donc apprendre le quechua, le swahili ou le mandarin sans problème. Ou les trois langues en même temps. Si l’enfant n’apprend pas ces langues, les possibilités disparaissent et l’adulte éprouve alors en général d’immenses difficultés à intégrer les particularités d’une langue – par exemple à distinguer les différents tons du chinois ou même à les reproduire. En anglais, on décrit ce processus par l’expression « Use it or lose it ». C’est justement ce qui fait peur aux parents : que leurs enfants n’exploitent pas totalement ce dont ils disposent, qu’ils ne tirent pas profit de leur potentiel. Ils inscrivent donc leurs enfants à des cours de guitare, à des séances de gymnastique rythmique et sportive et les envoient dans une crèche bilingue. Mais selon André Frank Zimpel, les programmes d’éducation précoce sont soit trop exigeants pour les enfants, soit pas assez. Son conseil est donc plutôt de jouer avec ses enfants ou de les laisser jouer : ils deviendront intelligents d’eux-mêmes.
Nos enfants ne progressent que là où ils ont la possibilité de jouer, non là où quelqu’un a déjà découvert quelque chose et se contente de le transmettre. En fin de compte, personne n’a besoin d’école pour apprendre à marcher, ce qui est pourtant un processus complexe. Là encore, les petits découvrent en jouant comment y arriver au mieux (non sans quelques échecs !) – jusqu’à ce qu’ils y arrivent. Ce principe est transposable à d’autres domaines : en jouant, un enfant découvre par hasard les compétences qui sommeillent en lui, par exemple qu’il est capable de soutenir ses amis lorsqu’ils lui confient leurs soucis et leurs peurs. Ce petit d’homme est socialement très compétent. Un autre enfant découvrira peut-être qu’il est capable de construire une tour en cubes particulièrement haute. Dans ce contexte, Gerald Hüther parle de performance maximale. Et aussi de « grimpeur très doué » – quand un enfant se distingue par des talents de grimpeur hors du commun. Selon lui, il existe de nombreux types de talents, pas seulement musicaux ou intellectuels.
Je sais ce que tu veux de moi
Les parents accordent souvent beaucoup d’importance au fait que leur enfant soit intelligent. Ils parlent alors d’intelligence mathématique. Selon André Frank Zimpel, l’intelligence sociale (que l’on apprend notamment dans le cadre des jeux de rôle) est bien plus importante : chacun sait que la suite 2, 4, 6 se poursuit par un 8. Les humains, oui, mais pas un ordinateur prétendument intelligent, car il pourra très bien trouver des règles selon lesquelles le chiffre suivant serait 342 ou 19. Le PC n’a pas d’intelligence sociale. Contrairement à nous : nous pouvons deviner ce que l’on attend de nous, autrement dit que nous donnions le chiffre le plus proche, c’est-à-dire 8.
Peur et joie
André Frank Zimpel déconseille donc l’éducation précoce, car il sait que le jeu est la forme la plus durable et la plus efficace d’apprentissage. En effet, tout ce qui est appris avec plaisir reste ancré dans les mémoires. Les émotions positives jouent un rôle important dans ce processus. C’est grâce à elles que nous enregistrons ce que nous apprenons, car elles permettent à notre cerveau de sécréter des neurotransmetteurs qui nous donnent un souvenir agréable de la situation d’apprentissage, que nous répétons ensuite volontiers. C’est pour cette raison qu’André Frank Zimpel a baptisé l’un de ses livres « Spielen macht schlau! » (Jouer rend intelligent !).
Mais les émotions négatives peuvent aussi nous faire mémoriser des choses. C’est même la peur qui nous fait apprendre le plus efficacement, comme le prouvent notamment les personnes qui ont vécu des expériences traumatisantes : souvent, un bruit, une odeur ou une image suffisent à déclencher à nouveau le traumatisme d’origine (autrement dit, ce qu’elles ont appris une fois en très peu de temps). Pourtant, même si la peur est si efficace, il est bien plus intelligent d’apprendre de manière ludique et joyeuse.
L’école, un frein au développement du potentiel
André Frank Zimpel, expert en matière d’apprentissage, fait l’observation intéressante suivante : les enfants ne doivent pas apprendre le plus possible pour se développer, c’est même plutôt le contraire. Ils doivent se développer intellectuellement, pour ne plus avoir à apprendre autant. Le jeu est un outil idéal, car ils ne font ainsi pas la différence entre apprendre et jouer.
De plus en plus de voix s’élèvent pour structurer le moins possible l’apprentissage (voir à ce sujet l’article « Apprendre doit être passionnant »). Leur argument : à cause des notes, les enfants n’ont guère l’occasion de s’adonner à leurs passions et de découvrir les talents qui sommeillent en eux. Sans instructions externes, ils relèvent les défis qu’ils peuvent surmonter – ceux qui ne sont ni trop compliqués, ni trop simples pour eux. Ce sont eux qui sont les plus à même de juger desquels il s’agit. En jouant, ils développent leur imagination, et ce n’est pas de la folie douce ! Pour se représenter les atomes, les bactéries ou d’autres données complexes, il faut faire preuve d’une bonne dose d’imagination, même à un âge plus avancé.
Entrée interdite aux parents !
Beaucoup de parents se demandent s’ils doivent participer aux jeux de leurs enfants ou les encourager à jouer. Ce n’est pas nécessaire : les enfants jouent d’eux-mêmes. En tant qu’adultes, nous pouvons éventuellement donner des idées ou proposer un jeu correspondant déjà à l’étape de développement suivante – mais ce n’est que lorsque l’enfant sera prêt qu’il s’y intéressera volontiers.
Nous ne devrions pas intervenir lorsque les enfants jouent, car les adultes sont très loin d’être aussi enthousiastes que leurs enfants. Les enfants remarquent vite que nous leur faisons miroiter quelque chose. Et surtout, nous ne devrions ni les complimenter, ni les réprimander. En effet, les deux attitudes risquent de mettre fin prématurément au jeu : les enfants ne jouent plus spontanément, ils sont orientés par nos propres idées, nos attentes et nos objectifs éducatifs. Même les compliments sont nocifs : on pourrait démontrer, dans de nombreuses tentatives, que la motivation extérieure détruit la motivation intrinsèque. Le jeu des enfants se récompense de lui-même.
Arno Stern, qui dirige le « Closlieu » depuis des décennies à Paris, a lui aussi fait cette expérience. Le « Closlieu » est un espace isolé où les enfants peuvent se concentrer sur eux-mêmes et peindre ce qui vient d’eux-mêmes. Ce n’est pas un lieu de transmission, car ce qui y est créé ne sont pas des œuvres d’art : les réalisations ne sont pas conçues pour plaire à l’observateur, elles ne portent aucun message, comme c’est le cas dans l’art. Elles naissent du jeu de l’enfant.
Certes, Arno Stern s’intéresse à ce que « ses » enfants peignent et les soutient dans leur démarche, mais il ne pose guère de question – car les questions poussent les jeunes peintres-joueurs à se justifier. Ils tombent dans une posture défensive et se sentent inférieurs. Chaque conseil, chaque jugement porté sur ce qui est peint peut faire tarir la source de spontanéité chez l’enfant. C’est la raison pour laquelle tous les travaux restent au Closlieu et ne sont pas observés par le monde extérieur. Selon Arno Stern, prendre au sérieux les enfants dans ce qu’ils font suffit amplement.
Les « play dates », une nouvelle tendance ?
L’époque où le petit Maxime venait sonner à la porte pour savoir si son copain Mathieu pouvait venir jouer dehors est révolue. Tous ceux qui habitent dans un lotissement savent que les aires de jeu y sont désertées. Par crainte de tout ce qui pourrait se passer, les parents ne laissent plus leurs enfants se balader librement, ils préfèrent les avoir à l’œil.
L’agenda des petits n’est plus seulement rempli de séances éducatives, leurs activités de loisir sont aussi de plus en plus planifiées. Aux États-Unis, les parents se donnent souvent rendez-vous à des « play dates » : ils se réunissent pour que leurs enfants puissent jouer ensemble. Au fond, cela ressemble à un lieu de rencontre pour adultes, car bien souvent, on ne sait pas si les parents ont vraiment des atomes crochus. Résultat : des conversations guindées – ce qui n’augure rien de bon pour la prochaine rencontre. Si les parents ne s’entendent pas, les enfants ne joueront pas bien longtemps ensemble. Ou alors les parents avalent des couleuvres et passent du temps avec quelqu’un qu’ils n’apprécient pas vraiment. Cette structuration des loisirs rend les enfants moins spontanés et curieux qu’ils ne l’étaient auparavant.
Les types de jeux
Avant de nous intéresser au jeu des adultes, observons les types de jeux qui existent aujourd’hui. Dans leur livre « Rettet das Spiel! Weil Leben mehr als Funktionieren ist » (Sauvez le jeu ! Car la vie n’est pas seulement une histoire de fonctionnement), Christoph Quarch et Gerald Hüther distinguent cinq types de jeu : les jeux d’adresse, de compétition, les représentations cultuelles, les pièces de théâtre et les jeux de hasard.
Les jeux d’adresse
Bien souvent, les jeux d’adresse ne servent qu’à passer le temps. Ils nous permettent de développer nos potentiels cognitifs et moteurs – qu’il s’agisse de grimper sur un mur d’escalade, de jongler avec des balles, de résoudre un jeu de logique ou de guider le héros d’un jeu vidéo à travers différents univers. Le développement est limité, car nous réalisons toujours les mêmes mouvements ou les mêmes processus mentaux.
Les jeux de compétition
Les jeux de compétition n’ont pas bonne presse chez les professionnels de l’éducation, car à la fin, il y a toujours un gagnant – et donc un perdant. Dans ce type de jeu, la compétition est particulièrement forte. Cette catégorie inclut tous les sports, représentés par exemple aux Jeux olympiques – car les compétitions pures existent surtout dans le sport –, mais aussi la plupart des jeux de plateau. Pourtant, si les professionnels de l’éducation préfèrent ne pas voir leurs petits protégés en situation de compétition, les enfants adorent ce type de jeux et ont vraiment très, très envie de gagner. Christoph Quarch et Gerald Hüther n’y voient aucun problème : selon eux, les émotions fortes que l’on expérimente en cas de victoire ou de défaite sont peut-être bien plus bénéfiques que de se côtoyer de manière un peu monotone, distanciée. Malgré son aspect concurrentiel, le jeu de compétition reste, avant tout, un jeu : on joue pour jouer. D’autre part, tous les types de jeu peuvent se transformer en jeux de compétition : un concours de chant, qui s’intéresse initialement à la voix, mais qui se termine par un véritable duel – et qui promet gloire et célébrité au vainqueur ; une émission où les participants font la démonstration de talents inhabituels (jeu d’adresse) et s’affrontent les uns les autres ; ou encore un tournoi de tarot – qui est en réalité un jeu de hasard – dont l’objectif est, encore une fois, de gagner.
Les représentations cultuelles/pièces de théâtre
Les représentations cultuelles font partie de la forme la plus ancienne du jeu. Comme dans les autres jeux, les limites temporelles et spatiales sont définies. Le chaman marque le terrain et commence le « jeu » sur une scène semblable à un temple : ici, pas de gagnant, l’objectif n’est pas de réussir quelque chose, mais à la fin, de faire apparaître quelque chose. De quoi s’agit-il ? Au début, personne ne le sait. La pièce de théâtre est apparentée à la représentation cultuelle. À l’instar du ballet ou du film, l’objectif est de représenter l’humain en proposant une interaction entre les acteurs, entre les acteurs et le public ou entre les acteurs et les règles du jeu.
Les jeux de hasard
L’origine des jeux de hasard remonte à l’oracle. La parole de l’oracle était toujours déterminée par le hasard, ce qui lui donnait tout son attrait. Au casino, l’objectif est aussi de savoir si la chance nous sourit toujours. La tenue de soirée, entre autres, traduit le fait qu’il s’agit bien d’un jeu qui n’a rien à voir avec la réalité : c’est une sorte de déguisement. À la roulette ou au blackjack, le joueur doit être indifférent à l’issue du jeu. Celui qui se rend au casino pour gagner n’est plus un joueur : le jeu n’en est plus un, car le seul objectif est de gagner. Les machines à sous ne sont donc pas de véritables jeux. Il en va de même pour les paris sur les matches de football : ce n’est plus le jeu en lui-même qui compte, le talent des joueurs, mais seulement le résultat et donc le gain.
Les jeux d’adulte
Les adultes jouent-ils aussi ? On ne peut pas répondre simplement à cette question. Certains jouent beaucoup, d’autres moins. Chacun traverse sûrement des périodes où il joue, par exemple lorsqu’il simule toutes les possibilités avant de prendre une décision. Certains professionnels sont de véritables joueurs : ils jouent avec les couleurs et peignent des œuvres d’art, ils jonglent avec les mots et créent des romans et des poèmes, d’autres encore jouent sur des instruments de musique ou avec le bois et la terre, qu’ils transforment en sculptures.
Mais la majeure partie de notre société est imprégnée de pensée économique. La question est toujours la même : « Quel est l’intérêt pour moi ? » Les valeurs de l’économie sont l’efficacité, la fonctionnalité, la productivité et la rentabilité : des valeurs qu’on ne trouvait, à l’origine, que dans l’économie. Malheureusement, elles s’imposent de plus en plus dans d’autres domaines : la santé, la culture et même la religion. Même dans les crèches, la question n’est plus de savoir si les éducateurs/trices contribuent positivement au développement des enfants et s’ils changent quelque chose dans leur esprit, mais s’ils travaillent de manière rentable et efficace. Notre vie est devenue sérieuse : sérieuse au travail, dans l’économie et l’industrie, sérieuse en politique. Il ne reste alors que peu d’espace pour le jeu et le plaisir. La plupart d’entre nous essayent de tirer le meilleur de nous-mêmes, d’aller le plus loin possible, de gagner beaucoup d’argent. Ces aspects sont plus importants que notre propre développement – qui nous permet pourtant d’explorer et de découvrir nos possibilités.
Mais ce manque de légèreté, la réalisation constante de tâches font souffrir beaucoup de monde : les troubles psychosomatiques s’accumulent, beaucoup souffrent de burn-out ; certains sont simplement malheureux et ne savent pas vraiment pourquoi. De joueurs actifs dans le jeu de la vie, ils sont devenus de simples consommateurs : si auparavant, l’on souffrait ensemble au théâtre, les événements sont aujourd’hui simplement consommés à la télévision. On se contente de regarder ce qui arrive aux autres, en plongeant la main dans le paquet de chips. Le jeu, quel qu’il soit, se transforme en distraction. Les personnes qui fréquentent les salles d’arcade ou jouent en ligne de manière excessive y cherchent quelque chose qu’ils ne trouvent pas dans la vie réelle. Reste à savoir si leur méthode est efficace...
Le roi football
Quelle est la part de jeu dans le football ? Intrinsèquement, beaucoup. C’est un mélange de spectacle, de jeu de hasard, d’adresse et de compétition. On y trouve tous les éléments caractéristiques des jeux : des règles claires, des limites temporelles et spatiales. Les joueurs portent un maillot, qui pourrait faire office de déguisement. Les spectateurs, dans le stade, que l’on reconnaît également à leur tenue, participent directement et se laissent porter. Le football est l’un des rares jeux au monde qui réunit vraiment beaucoup de gens : 1,2 milliard de spectateurs ont regardé, en même temps, la finale de la coupe du monde 2014. Et pourtant, ce sport est totalement imprégné par l’économie : les bannières publicitaires qui s’affichent en alternance et les logos sur les maillots des joueurs en sont un signe clair, tout comme les cas de corruption, de paris truqués et autres magouilles. – Philipp Lahm, ancien capitaine de l’équipe allemande, a un jour résumé l’essence du jeu : « Si je pense à la prime pendant le match, je ne peux plus jouer. »
C’est pendant notre enfance que nous vivons les premières expériences qui nous font glisser vers l’économisme et nous transforment en Homo œconomicus. Nous sommes soumis aux souhaits, aux attentes, aux évaluations et aux mesures éducatives de nos parents et nous nous sentons comme des objets. Plus tard, nous essayons d’échapper à ce rôle en transformant les autres en objets, que ce soit en devenant homme ou femme politique, chef d’entreprise, spécialiste du marketing, etc. Seulement, ce n’est pas à la portée de tout le monde : celles et ceux qui n’y parviennent pas (parce qu’ils n’ont pas décroché un emploi aussi haut placé) se sentent frustré(e)s, insatisfait(e)s de leur vie, se laissent aller à la passivité, se sentent victimes des circonstances et s’abandonnent finalement à leur destin.
Ces personnes ne se sentent pas acteurs de leur propre vie. Elles n’ont pas le sentiment d’être quelque chose de particulier – et s’évadent par la consommation : elles achètent des chaussures, des voitures hors de prix, un nouveau smartphone ou partent en voyage. Et plus ces personnes sont nombreuses, plus l’économie prospère : celle qui produit des chaussures, des voitures et des smartphones et offre aux citoyens frustrés et qui s’ennuient d’innombrables formes de distraction.
Malheureusement, l’économisme gagne aussi de plus en plus nos enfants – et nous y contribuons en partie : si nous intervenons dans leurs jeux, si nous les confrontons à nos attentes et nos leçons, si nous leur donnons des instructions, les enfants arrêtent de jouer. Ils attendent alors que nous leur disions exactement quoi faire et comment le faire. Ils ne sont plus spontanément actifs et créatifs, ils adoptent une posture d’attente. Mais quand plus personne n’est là pour leur dire quoi faire, ils s’ennuient. Ils ne savent plus quoi faire de leurs dix doigts et se transforment en consommateurs, ce qui joue en faveur des fabricants de produits destinés à tuer le temps : ils inventent pour les enfants des formes toujours plus incroyables de divertissement que les parents ne cessent d’acheter pour occuper leurs bouts de chou. Ces quantités de jouets produisent, une fois que les enfants les ont exploités, d’autant plus d’ennui. Et cet ennui devient même de plus en plus visible dans notre environnement : des surfaces bétonnées desquelles surgissent ça et là un jeu, au lieu de parcs plus ou moins entretenus, d’éboulis et d’aires de jeu – car beaucoup d’enfants ne savent tout simplement plus jouer.
Attention, risque d’addiction
Les jeux en ligne font sans cesse l’objet d’avertissement – à juste titre ? Malheureusement, oui. De nombreux jeux en ligne sont dépourvus d’un élément important : la limite temporelle. Le jeu n’est jamais terminé, il continue indéfiniment, le joueur doit sans cesse relever de nouveaux défis. Ce qui est dangereux, c’est que le joueur ne peut plus décrocher et passe une partie de son temps libre dans un monde parallèle. Les éditeurs de jeux parlent souvent de jeux addictifs – un facteur qu’il ne faut effectivement pas sous-estimer : les enfants et les adolescent(e)s peuvent devenir dépendants et avoir besoin d’aide.
L’ennui, nouvel horizon
Où nous mène ce consumérisme que nous adoptons désormais dès l’enfance ? De nombreux métiers actuels seront bientôt assurés par des algorithmes. Différents secteurs seront concernés, notamment dans l’électricité, le métal, la construction de machines, le secrétariat, la finance, le transport, la logistique, la chimie, le textile, l’agroalimentaire. La standardiste, le comptable, le manutentionnaire, la couturière, le pâtissier ne seront pas épargnés. Les métiers qui resteront seront ceux où la créativité et, par exemple, l’empathie jouent un rôle essentiel. Tous les autres métiers, qui impliquent des tâches simples et répétitives (autrement dit les tâches qui ne procurent aucun plaisir), vont disparaître. Les personnes qui occupaient jusqu’alors ces emplois n’auront plus de motivation extérieure et resteront faignanter sur le canapé. Gerald Hüther pousse plus loin son raisonnement et estime qu’elles vont bénéficier du revenu universel et rester s’ennuyer à la maison. Pour combattre cet ennui, elles plongeront dans des mondes virtuels. La coûteuse technologie des casques de réalité virtuelle est financée par l’industrie du jeu vidéo. Les joueurs restent seuls dans ce joli monde, tandis que leur famille et leurs enfants restent sur le carreau. Les seuls qui ne seront pas concernés seront ceux qui aiment travailler, car la création et la découverte occupent une place prépondérante dans leur vie et ils sont capables de s’occuper eux-mêmes.
Du plaisir au travail
Si l’approche ludique est importante pour avoir plaisir à travailler, elle fournit aussi de meilleurs résultats. Aborder une question de manière ludique implique de ne pas penser à la solution la plus évidente, mais de commencer par laisser son esprit vagabonder, sans pression et de préférence pas au bureau. Les meilleures idées apparaissent lorsque nous agissons sans objectif précis, sans intention particulière – quand nous laissons libre cours à nos pensées et qu’elles s’assemblent ensuite pour former un tout.
Les innovations révolutionnaires ne naissent pas lorsque nous devons fournir un résultat dans un temps défini. Elles ne sont pas non plus basées sur quelque chose d’existant. L’invention du moteur thermique, qui permettait d’entraîner un véhicule, fait partie de ces innovations créatives – tout ce qui a suivi n’était que des évolutions et des applications spécifiques : caravane, cabriolet, 4X4. Ces productions linéaires peuvent tout à fait voir le jour grâce à la pression concurrentielle, ce qui n’est pas le cas des solutions réellement créatives. Ces dernières nécessitent de la marge de manœuvre, de l’espace. Le développement des fusées, le vol sur la lune, les œuvres d’art les plus remarquables n’ont pas été planifiés : ils sont plus ou moins le fruit du hasard et de tâtonnements.
En tout état de cause, les meilleures idées apparaissent quand nous jouons avec d’autres personnes, car c’est là que naît la cocréativité : une réflexion s’appuie sur celle de quelqu’un d’autre ; les idées s’alimentent mutuellement. En fin de compte, on obtient un résultat que l’on n’aurait certainement pas pu atteindre seul. Ce n’est pas la somme des différentes idées, mais quelque chose de bien supérieur. L’autre est alors un partenaire et non un concurrent.
Gerald Hüther, directeur de l’académie pour le développement du potentiel (Akademie für Potentialentfaltung) de Göttingen, dans le centre de l’Allemagne, cite pour exemple une situation où la cocréativité a permis d’obtenir des performances exceptionnelles. Il a accompagné une équipe de cyclistes amateurs qui voulaient participer à la Race Across America, une des courses cyclistes les plus difficiles au monde. En entraînement, les membres de l’équipe n’avançaient pas, lors de courses tests simples, ils se disputaient – alors que dire d’une course reliant la côte est à la côte ouest des États-Unis ? Gerald Hüther leur a appris à collaborer, à explorer toutes les possibilités de manière ludique, à s’encourager, s’inspirer mutuellement. Résultat : non seulement l’équipe a atteint son but, mais elle a aussi remporté la première place. Sans aucun sponsor, contrairement aux sportifs américains, par exemple.
Mais même lorsqu’il ne s’agit pas d’atteindre les sommets, le jeu nous fait aussi progresser. On peut considérer la vie en général comme un jeu. Ce serait alors l’art de vivre dans sa forme la plus pure – en opposition à la technologie de la vie. L’œuvre d’art de sa propre vie n’est jamais terminée : elle se poursuit sans cesse, de nouveaux partenaires apportent leurs points de vue, de nouveaux espaces de création s’ouvrent à nous et nous permettent de développer notre potentiel. Ces nouveaux partenaires et adversaires nous empêchent de nous reposer sur les compétences et les techniques acquises et nous poussent à continuellement tester de nouvelles actions. Ainsi, nous restons vivants, explorons nos capacités, développons les potentiels qui sommeillent en nous, nous nous sentons liés aux autres – ce qui, accessoirement, nous permet de nous régénérer.
Le terme « jeu » évoque quelque chose relevant exclusivement de la vie privée. Mais Christoph Quarch et Gerald Hüther nous suggèrent de jouer aussi dans d’autres domaines. Dans nos vies, nous jouons tous différents rôles : technicien(ne) de surface, chef(fe) d’entreprise, artiste, père, compagnon ou joueuse de squash. Ce qui est important, c’est de ne pas s’identifier aux rôles que l’on occupe, mais de les jouer, eux aussi, de manière ludique. En effet, il peut arriver que je n’atteigne pas mon objectif dans un rôle – mais en distinguant le rôle de la personne, mon moi n’est pas mis en danger. Ce qui est formidable dans le jeu de la vie, c’est que l’on peut sans cesse découvrir de nouveaux rôles.
Dans quels domaines peut-on encore jouer ? Prenons-en deux, par exemple : l’entreprise et la politique. Eh oui, la politique. Mais d’abord, l’économie : les entreprises qui veulent réussir et atteindre leurs objectifs ont besoin d’une vision, car elle seule peut conduire à des innovations. Là encore, une entreprise ne progresse pas forcément quand elle se contente d’améliorer l’existant. Ces produits ne sont pas de véritables innovations. Ce qui est vraiment nouveau ressemble davantage à une œuvre d’art.
Même dans le secteur commercial, dont l’objectif est avant tout de vendre, il est possible de jouer. C’est même le domaine le plus propice. Il suffit de s’inspirer d’une conversation dans un bazar : elle ressemble plus à un jeu qu’à une réelle négociation commerciale. Ici, on négocie avec légèreté – et à la fin, dans le meilleur des cas, le vendeur et l’acheteur sont tous deux satisfaits d’avoir trouvé une solution acceptable pour les deux parties.
Mais passons à la politique : le parlement peut lui aussi servir de salle de jeu – pour des jeux sérieux. Ici, des camps s’affrontent pour trouver, in fine, la meilleure solution à une question, pour que les décisions à prendre deviennent évidentes. Malheureusement, on ne joue plus en politique : les joueurs s’identifient trop à leurs rôles et leur objectif est de gagner, d’imposer leur point de vue et celui de leur parti. On pense rarement au bien commun.
Le pouvoir thérapeutique du jeu
Mais revenons aux enfants : la thérapie par le jeu, qu’Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, a fortement contribué à faire connaître, montre bien l’importance du jeu chez eux. Anna Freud avait observé que les enfants rejouaient souvent ce qui se passait dans leur vie.
Ils rejouaient ce qu’ils ne pouvaient exprimer autrement : leurs idées, leurs besoins, leurs expériences et leurs peurs, ainsi que les conflits qui les opposaient aux autres. Les problèmes qu’ils rencontraient dans la vie, mais souvent aussi leur vie intérieure, se révélaient grâce au jeu. La thérapie par le jeu, aussi appelée psychothérapie pour enfants, permet de dénouer les traumatismes des enfants, mais aussi de résoudre les troubles de leur vie affective. Il est ainsi possible de remédier à ce qui les affecte.
L’hôpital pour enfants et adolescents Vitos de Marburg (Vitos Kinder- und Jugendklinik für psychische Gesundheit), en Allemagne, est spécialisé dans ce domaine. Quand un thérapeute joue avec un enfant, c’est pour eux deux la possibilité de se rencontrer et d’aborder ensemble les problèmes de l’enfant au cours d’un jeu qui se poursuit en général lors des séances suivantes.
Souvent, la thérapeute laisse l’enfant choisir le jouet, elle se contente de demander si elle peut jouer avec lui. Le souhait de l’enfant est toujours respecté. Par exemple, si un enfant décide de construire un mur autour de lui à l’aide de cubes, cela indique un problème de distance. Dans ce cadre, le contrôle et la confiance sont des questions essentielles. Si la thérapeute parvient à gagner la confiance de l’enfant, en général en acceptant son attitude, l’enfant a la possibilité de s’ouvrir – et l’adulte peut alors commencer à travailler.
D’autres jouets peuvent être utilisés. Dans un exemple représenté à l’aide de marionnettes, une psychologue laisse la petite fille qui consulte choisir entre une tortue et un crocodile. La petite fille opte pour le crocodile – et dévore la tortue pendant le jeu. Le choix du rôle dominant pourrait indiquer un trouble anxieux ou une dépression et une faible estime de soi. Autrement dit, tout ce que représente la tortue – mais au début, elle est bien trop proche de la personne. Au cours des séances, la petite fille finit par choisir la tortue : lorsqu’elle se sent suffisamment forte pour jeter le crocodile dans le fleuve. Cette inversion des rôles est un véritable succès thérapeutique. La fillette surmonte ses peurs et peut, dès lors, faire ses propres choix.
Le jeu d’imitation
Certains se demandent où nous irions si chacun faisait ce qu’il voulait. Comme nous l’avons vu, la réponse est : très loin. Il est donc temps de laisser le jeu prendre sa place dans nos vies. Ceux qui oublient le temps en jouant sont heureux et n’ont pas d’autres envies. Ceux qui n’ont pas d’envies ne se transforment pas en consommateurs. Heureusement, les nouvelles générations sont en train d’abandonner les anciens schémas de pensée et de comportement. Ils ont plaisir à découvrir des choses, à façonner leur vie et à tester tout ce qui se présente de manière ludique. Encourageons-les dans cette démarche : laissons les enfants jouer !
QUADRO, l’essence du jeu
Pourquoi nous intéressons-nous à des questions aussi passionnantes et complexes que le jeu ? Parce que cela nous aide à mieux comprendre les enfants : ces connaissances s’intègrent ensuite naturellement dans le développement de nouveaux produits et idées de jeu. Car c’est bien l’objectif de QUADRO : faire preuve de créativité, spontanément et avec assurance, tout en rendant possibles les innovations et en construisant de très beaux jouets pour les enfants.
QUADRO, c’est le jeu dans sa forme la plus pure, la plus originelle. Un kit de construction incite à jouer, à grimper, à glisser et à barboter en oubliant tout autour de soi – pendant des heures. Il sert de décor aux jeux de rôle de vos enfants, qu’ils se rêvent en spationautes ou en chevaliers : ici, tout est possible.
Et le meilleur dans tout ça, c’est que votre enfant peut aussi imaginer une construction à laquelle nous n’avions même pas pensé. C’est une facette qui nous plaît vraiment, car cela nous permet, à nous aussi, d’apprendre de manière ludique.
Dans notre article intitulé Vous en reprendrez bien encore un peu ?, découvrez comment jouent les enfants polonais. Notre article À Saint-Pétersbourg, originalité et extravagance à l’honneur, nous nous intéressons aux jeux des enfants en Russie.
Sources
- Gerald Hüther, Christoph Quarch. Rettet das Spiel! Weil Leben mehr als Funktionieren ist. btb, 4. Aufl., 2018
- Gerald Hüther: Spielerisch Lernen im 21. Jahrhundert
- Dr. André Frank Zimpel: „Spielen ist immer die effizienteste Form des Lernens“
- Dr. André Frank Zimpel: Spielen macht schlau
- Andre Frank Zimpel: Warum das Spielen nicht nur für Kinder wichtig ist
- Christoph Quarch: Spiel. Die Quelle der Lebendigkeit
- (Lange Fassung) Interview Arno (und André) Stern: wie man Kinderbilder nicht betrachten soll
- Arno Stern über das Malspiel, Kunsterziehung und die Gefahren für die Spielfähigkeit unserer Kinder
- Kinder lernen soziale Kompetenzen spielerisch | LexiTV | MDR
- Kinderspiel: Wie Entwicklung und Spiel zusammenhängen | Quarks
- Online Lexikon für Psychologie und Pädagogik
Spieltherapie - Spieltherapie in der Vitos Kinder- und Jugendklinik für psychische Gesundheit Marburg
- Setting up play dates for kids can be traumatic
- Der Videobeweis ist eine echte Gefahr für den Fußball
- Do You Love Me? Boston Dynamics
- Aussterbende Berufe. weiterbildung-onlinemarketing.com
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